Enfants morts dans un pensionnat anglo-normand

Des enquêteurs le 29 février 2008 à Saint-Martin

La police enquêtant sur des sévices présumés infligés à des enfants sur l'île anglo-normande de Jersey, a déterminé que les restes humains découverts ces derniers mois dans un ancien pensionnat appartenaient à au moins cinq enfants.

Lenny Harper, le policier responsable de l'enquête, a indiqué jeudi sur la radio BBC4 que les experts rencontraient des difficultés pour établir quand ces enfants sont morts, ce qui pourrait empêcher l'ouverture d'une enquête pour meurtres.

"Nos espoirs reposaient sur la datation au carbone. Selon les derniers éléments, il ne va pas être possible de donner une date exacte de la mort pour la période que nous examinons", a-t-il ajouté.

De plus, la détermination de l'âge des victimes au moment de leur décès est également compliquée par l'état des dents et des ossements retrouvés. Les experts ont estimé qu'ils devaient avoir entre 4 et 11 ans.

"Au bout du compte, il est possible qu'il n'y ait pas suffisamment de preuves pour enclencher une enquête pour meurtres et tenter de traduire quiconque devant la justice pour un quelconque crime commis ici", a déclaré M. Harper. "Mais nous ne pouvons pas ignorer le fait que nous avons trouvé les restes d'au moins cinq enfants", a-t-il dit. "Des tentatives ont été faites pour brûler ces restes, des tentatives ont été faites pour les enterrer et les dissimuler" vers la fin des années 1960 ou le début des années 1970, a-t-il ajouté, soulignant que certains avaient été déplacés entre plusieurs bâtiments.

"Nous avons trouvé un certain nombre d'éléments de preuve de grande valeur qui sont importants car ils corroborent fortement les témoignages sur des maltraitances perpétrées dans le pensionnat", a poursuivi M. Harper, indiquant que de l'ADN avait notamment été retrouvé. "Bien que nous ne puissions écarter le fait qu'ils ont pu mourir (avant l'ouverture du pensionnat), lorsque l'on regarde les circonstances de cette affaire on peut se demander pourquoi quelqu'un se serait donné tout ce mal si c'était le cas", a relevé le policier.

Depuis le début de cette vaste enquête menée plusieurs mois, les enquêteurs ont découvert 65 dents de lait dans les caves du Haut de la Garenne, un établissement qui a été tour à tour orphelinat et foyer pour enfants en difficulté jusqu'en 1986, avant d'être transformé en auberge de jeunesse en 2004. Selon eux, ces dents n'ont pu être retirées que post mortem. Ils ont également retrouvé plus d'une centaine de fragments osseux dont un a été identifié comme provenant du tibia d'un enfant et un autre d'une oreille. Certains des ossements ont été coupés et sont partiellement brûlés.

Après plusieurs mois de fouilles dans le pensionnat, les policiers ont décidé début juillet de concentrer leurs fouilles sur un blockhaus situé sur une falaise à quelque 500 mètres du bâtiment principal, après avoir reçu le témoignage de six personnes affirmant y avoir été victimes d'abus sexuels.

Au total, près d'une centaine de victimes présumées se sont fait connaître, affirmant avoir subi des sévices pendant une période d'une quarantaine d'années, entre les années 1950 et la fin des années 1980.

Trois personnes ont été inculpées dans le cadre de cette enquête. Deux de ces mises en examen sont directement liées à des allégations de maltraitances survenues au Haut de la Garenne.